SuperNo dépeint un portrait caustique des candidats à la primaire socialiste. Il dénonce ce qu'il qualifie d'incompétence totale de la classe politique traditionnelle à gérer le pays, et pointe du doigt l'inanité de ses solutions...
Meurtri par quelques réactions j’ai mûrement réfléchi, et j’ai décidé d’appuyer sur le bouton “reset” de mon cerveau. Au placard l’attitude systématiquement négative, le tir à l’arme lourde sur ces pauvres politiciens qui, après tout, font un dur métier tant il est difficile de satisfaire des électeurs qui ne sont jamais contents.
C’est donc armé d’un moral d’acier tout neuf que je me suis installé dans mon fauteuil jeudi soir pour choisir celui ou celle qui sera notre prochain Président de la République. Quel suspense haletant : comment départager des penseurs aussi con-sidérables que Ségolène Royal et Jean-Michel Baylet ? La mission s’annonçait difficile.
Tout de suite, j’ai bien aimé le petit Valls : le croisement d’un candidat de la téléréalité et de Margaret Thatcher. Ah, voilà un mec franc, honnête et direct. Un professionnel. Il ne va pas essayer de vous faire croire qu’il serait “de gauche”, non non. Direct, je vous dis. Ah, mes cochons, si vous votez pour moi, vous allez en chier, je vous le promets ! La dette à zéro, votre retraite à soixante ans, vous vous la carrez bien profond dans l’oignon, je vous augmente la TVA, et comme mon maître Tony Blair, je vous privatise tout, je vous dérégule tout et je vous encule tous. Et je ne rigole pas avec l’insécurité : le premier qui moufte : au gnouf !
Jean-Michel Baylet aussi, je l’aime bien. Surtout son accent. Tu sens le mec jovial, qui aime passer des heures dans les “banquets républicains”, avec ses potes notables francs-maçons. Il a tellement de mandats, c’est sûr, il sait tout faire. Et désintéressé, avec ça. Fortune estimée à 50 millions d’euros, à peine moins que celle d’Anne Sinclair. Typiquement le politicien qu’il nous faut. En plus il est moderne, il ne veut pas dépénaliser le cannabis, il veut le li-bé-ra-li-ser. Et honnête avec ça, tout juste condamné en mars 2003 à six mois de prison avec sursis et 30000 euros d’amende pour abus de biens sociaux, recel d’abus de biens sociaux, ainsi que faux et usage de faux, et rebelote en mars 2007, abus de bien sociaux. Par rapport aux standards présidentiels actuels, c’est donc vraiment un enfant de chœur.
Martine Aubry, très sérieuse. Bon, question jovialité, il y a un paquet de portes de prison qui lui en remontreraient, mais il ne faut pas s’attacher aux apparences! Son principal atout, c’est la cure de jouvence : vous la regardez, vous rajeunissez de 20 ans ! Elle était déjà ministre de l’emploi en 1991, et ses recettes n’ont pas changé : les “zemplois jeunes” (ça sert à rien mais ça plaît toujours), et surtout “relancer la croissance”. Tout en sortant du nucléaire en 25 ans. Il faudra qu’elle m’explique elle a dû prendre des cours avec Gérard Majax. Un coup de baguette magique, quelques incantations au dieu de la “croissance verte”… A moins qu’elle ne compte sur le gaz de schiste ? De toute façon, dans 25 ans elle en aura 87 et donc plus grand chose à battre. Par contre, elle est bien entourée, et son gouvernement aura de la gueule. Fabius à la santé, DSK à la condition féminine, Lang ou Cambadélis à la justice et Mauroy aux anciens combattants, avec ça on est parés. De toute façon, si elle se voit battue, elle appelle Jean-Noël Guérini et il arrangera ça…
Ségolène, par contre, elle m’inquiète. Tous les journalistes l’ont trouvée nulle, même ceux qui l’encensaient en 2007. Ils ont acheté des lunettes, ou quoi ? Même ses rodomontades habituelles n’ont pas fonctionné. “L’ordre juste”, “moi en Poitou-Charentes”, ou “J’ai sauvé des zemplois dans l’usine Heuliez”… Il faut dire que Sarkozy lui a piqué l’idée de “l’encadrement militaire des délinquants”, alors elle fait la gueule.
Ceci ne remet pas en cause son extraordinaire aptitude à raconter n’importe quoi, comme par exemple prêcher un rassemblement qui irait de Mélenchon à Villepin… Du moment qu’elle est Présidente de la République, hein, la cohérence et les idées importent peu…
Montebourg, lui, c’est un vrai gauchiste. Attention, la finance n’a qu’à bien se tenir, il arrive ! Bon, on voit bien que c’est un rôle de composition, puisqu’il y a 5 ans il supportait le “socialisme” fadasse et centro-compatible de Ségolène Royal. C’était un peu la démarche de Fabius au moment du référendum européen. Il était pour, mais il a vu que la file de gauche était libre, alors il a tenté le coup, et s’est évidemment planté. Montebourg soutient le programme “socialiste” d’accompagnement de l’austérité et de la dérive droitière, mais que ne ferait-il pas pour épater Audrey Pulvar ? Et à ce compte-là, c’est sûr, il vaut mieux jouer le rôle de Che Guevara que celui d’un futur sénateur “socialiste”.
Reste François Hollande, le favori choisi par les sondages et ceux qui en tirent les ficelles. À défaut d’être “de Gauche”, on le connaissait gros et drôle : le revoilà mince et sinistre, vieilli de 20 ans, et surtout moins “de Gauche” que jamais. Sans doute ses conseillers en marketing qui l’ont persuadé qu’un Président de la République, ça ressemblait à ça. Et puis, il y a cette étude du think tank “Terra Nova”, qui lui conseille de laisser tomber les prolos, déjà récupérés par le FHaine, et de plutôt bétonner chez les “classes moyennes”, les centristes, les déçus du sarkozysme…
Bon, il est déjà habillé pour l’hiver par son ex qui a déclaré qu’il n’avait rien branlé pendant 30 ans (et qui, sur sa lancée pleine de délicatesse, aurait pu ajouter “et en plus il ronfle et il pue des pieds”). Mais il est soutenu par des cadors du “socialisme” y compris Ayrault, polycumulard , ou Moscovici, le DSKolâtre, alors forcément, il va gagner.
Bon, on arrête le bisounoursisme ? Croyez-vous sincèrement qu’un(e) de ces charlot(te)s pourrait être ne serait-ce qu’un tout petit peu à la hauteur de l’enjeu : ramener les banksters à la modestie, et sortir du mythe de la croissance infinie ?
D’ordinaire, dans une campagne électorale, les politicards promettent tout et n’importe quoi. Souvenez-vous simplement de “changer la vie”, ou de “travailler plus pour gagner plus”. Toutes ces fables ne servent qu’à déclencher le vote des naïfs, et sont vite oubliées sitôt le menteur élu. Mais là, non. Ils ne promettent rien ou presque. C’est un aveu, la preuve qu’on va devoir en chier des ronds de chapeau.
Le même jour, une vision d’horreur est furtivement apparue à la télé : c’était à Wroclaw, en Pologne, là où tous les industriels ouest-européens délocalisent leurs usines pour le malheur de leurs ouvriers et le bonheur de leurs actionnaires. François Baroin faisant assaut d’amabilités envers Tim Geithner, venu intimer aux Européens l’ordre d’empêcher que les banksters perdent un centime en Grèce, leur signifier qu’une “taxe Tobin” était inenvisageable, même pas en rêve, et que ce sont les contribuables européens qui devront tout raquer, sang et larmes comprises.
Tim Geithner, c’est le disciple de Rubin, Summers, puis Paulson, ces banksters de Goldman Sachs devenus ministres des finances et qui ont sucé l’argent du travail de “Main Street” pour le refourguer à Wall Street. Il a fait partie de la fine équipe qui, sous le Clinton (“Clinton, c’est la gauche”, comme disait DSK), a démantelé le “Glass-Steagall Act”, en faisant voter le “Gramm-Leach-Bliley_Act”, ce diktat scélérat qui a livré l’argent des petits déposants aux spéculateurs, et qui a sonné le point de départ de la curée des banksters. Ces gibiers de potence sont responsables, avec d’autres, de la bulle internet, puis de la crise des subprimes, dans lesquelles les banksters sont retombés sur leurs pattes. Geithner veut à nouveau reproduire le même hold-up, en faisant raquer ces gueux de Grecs, d’Espagnols, de Portugais, d’Irlandais, d’Anglais, d’Italiens et de Français.
Pensez-vous que ces poussifs mous du genou, ces Hollande, ces Aubry, sauront leur dire “MERDE” en face ? Ça n’a pas de sens. Hollande, Aubry ou les autres n’attendent que mai 2012 pour s’installer sous les ors de la République, placer leurs potes à des postes prestigieux et rémunérateurs, et poursuivre la politique lamentable qui prévaut depuis des décennies, dans la limite des maigres pouvoirs qui leur restent, puisqu’ils les ont sciemment abandonnés à l’échelon au dessus, qui est notoirement le jouet des banksters et des multinationales.
J’ai un problème.
Tout le monde constate que la classe politique traditionnelle, la seule que les médias des multinationales présentent comme des candidats “sérieux” (Sarkozy, DSK (flingué en viol, mais qui à joué au théâtre hier soir avec Claire Chazal une pièce longuement répétée dont les dialogues ont été écrits à la virgule près par ses amis du DSKaKorps), Hollande-Aubry (l’équipe B), Bayrou, Borloo (on ne pouffe pas) et c’est à peu près tout) a démontré depuis des lustres son incompétence totale à gérer le pays et l’inanité de ses solutions. Chômage, déficit, insécurité, probité, vision d’avenir, c’est le désastre absolu.
Pour l’avoir écrit de manière assez abrupte j’ai dû subir quelques quolibets : populiste, rabatteur des populistes (FHaine ou Mélenchon) ou des abstensionnistes, etc.. etc…
Je refuse cette tyrannie verbale qui consiste à se faire traiter de populiste dès que l’on constate l’évidence, à savoir que nos dirigeants sont tous incompétents et/ou corrompus. Pire, ceux qui refusent de constater cette évidence en sont évidemment les complices.
Ensuite, je refuse cette vilenie qui consiste à faire un parallèle entre “l’extrême-Gauche” et “l’extrême droite”. C’est une antienne de l’UMP, de pauvres types comme Copé, l’ami de Takieddine qui se voit président en 2017 profitant de la déconfiture de Hollande : “je ne m’allie pas avec le FHaine, mais le P”S” ne doit pas s’allier avec Mélenchon” : foutaises, escroquerie.
Je ne suis pas un supporter inconditionnel de Mélenchon. Je n’appelle pas à voter pour lui. (D’ailleurs pour l’instant je serais bien en peine de dire pour qui je vais voter). Il n’a rien d’un gauchiste (il était “socialiste”, avant…) et, sauf d’un point de vue strictement logistique, son alliance avec le PCF est difficile à justifier, et je crains fort qu’il ne laisse tomber ses supporters entre les deux tours contre un plat de lentilles et quelques menus avantages pour lui et ses amis.
Par contre, chez Le Pen, c’est clair : ça pue la poussière, les bénitiers, les croix gammées, c’est plein de haine, de racisme, d’homophobie, de bêtise et de beauferie; ça raconte n’importe quoi pourvu que ce soit simple à comprendre (le programme économique était naguère ultralibéral, il deviendrait presque “communiste” !).
Au parti de gauche, les militants sont beaucoup plus jeunes, et prônent l’entraide, la solidarité, le partage (y compris des richesses). Ils croient en l’avenir, pas dans le repli sur le passé.
Maintenant, quand les deux disent que la classe politique est complètement pourrie, et qu’il faut la dégager, ce n’est pas un accord idéologique, c’est un constat, un truisme. De même, il est probable que Mélenchon, Le Pen et moi serions d’accord pour constater que le soleil chauffe et que l’eau mouille, et ce n’est pas pour autant qu’on va faire programme commun…
Je l’ai déjà dit, l’abstention ou le vote blanc ne changent rien. Le découragement de leurs opposants facilite même l’élection des nuls et des pourris
Je commence à me laisser convaincre que la solution est ailleurs, dans la réforme du mode de scrutin. Le tirage au sort, l’interdiction du cumul, le contrôle des élus. Que la ligne de conduite soit définie par le peuple, et non par des minables aux ordres des banksters et des multinationales.
Cette semaine, on a appris qu’un trader d’UBS (la banque Suisse qui a déjà failli couler en 2008) a évaporé 1 milliard et demi d’euro. Même pas une vedette, hein, une espèce de sous-Kerviel besogneux qui tripotait sur le marché des Trackers, ces fonds dont le seul but est de singer le comportement des indices boursiers. On apprend à cette occasion que cette andouille louait à Londres un appartement de 300 mètres carrés pour la modique somme de 5000 euros par mois.
Alors que la spéculation immobilière, à Londres, à Paris et ailleurs, repousse ouvriers, infirmières, instituteurs, boulangers, coiffeurs dans les lointaines banlieues, les traders de trackers (peut-on concevoir un “boulot” aussi inutile, grotesque, parasitaire et nuisible que celui-ci ?) se gobergent et pètent dans la soie. Pire, les premiers vont devoir raquer, jusqu’à se saigner, pour maintenir le train de vie du second.
C’est ce monde de merde qu’il faut changer. Et je n’ai entendu personne dire qu’il allait le faire.
elon Libé, la banque Dexia a vendu des emprunts toxiques à 5.500 établissements entre 1995 et 2009.
« La banque qui a ruiné 5.000 communes ». Dans son édition de mercredi,un fichier confidentiel de la banque Dexia qu’elle a pu se procurer. Ce document, établi par la banque des collectivités locales, comptabilise départements et régions entre 1995 et 2009.
Ce listing révèle, qu’au plus fort de la bulle, Dexia crédit local a distribué pour 25 milliards d’euros à ses clients. Et, selon l’estimation faite par la banque, le surcoût de ces emprunts était évalué en 2009 à 3,9 milliards d’euros. « Ce qui veut dire que les collectivités devraient payer une pénalité de cet ordre », précise Libération.
La facture s’annonce salée
. Ces emprunts toxiques fonctionnent pour partie à taux fixe et pour partie à taux variable indexée, par exemple, sur la parité euro-franc suisse. « Quand la parité passe au dessous d’un certain seuil, les taux augmentent en proportion », précise le quotidien. « Avec la crise de l’été … à cause de la hausse du franc suisse, de nombreuses communes ont vu leur taux d’intérêt passer à 10 ou 15% ».
, collectivités de droite comme de gauche, grandes communautés urbaines comme petites villes. Libération cite notamment l’exemple d’Antibes, qui a emprunté 60 millions et devra payer 21 millions en plus de cette somme, ou encore du département de la Loire, qui va devoir rembourser 22 millions en plus des 96 millions de prêts toxiques contractés.
L’addition pourrait encore grimper avec des prêts qui courent jusqu’en 2025 ou 2030″, souligne Libé qui conclut que « ces emprunts toxiques n’ont pas fini de pourrir la vie des collectivités. Et des contribuables, sur qui pèse une double menace : l’augmentation des impôts locaux et un déficit de services publics ».
Vous le croirez ou pas ?